Les Rencontres de Genève : Un Dialogue Courageux Face à la Crise Tigréenne

Le 2 novembre 2021, les salles silencieuses du Palais des Nations à Genève ont résonné d’une conversation qui ne semblait pas possible quelques semaines auparavant. Pour la première fois depuis le déclenchement du conflit en Tigray en novembre 2020, les belligérants éthiopiens – le gouvernement fédéral et les forces du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) - étaient réunis autour d’une table pour des négociations de paix sous l’égide de l’Union africaine. Cette rencontre historique, surnommée les “Rencontres de Genève,” marquait une tentative désespérée de mettre fin à un conflit qui avait déjà fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes.

La crise Tigréenne, déclenchée par une attaque surprise du FLPT contre une base militaire fédérale le 3 novembre 2020, s’est rapidement transformée en une guerre civile sanglante. L’accès humanitaire était bloqué, les témoignages d’atrocités se multipliaient et la communauté internationale observait avec inquiétude cette spirale de violence.

Les Rencontres de Genève étaient le fruit d’une diplomatie intense menée par l’Union africaine. Après des mois de négociations discrètes, un accord avait finalement été trouvé pour organiser ce dialogue direct. L’enjeu était considérable : éviter une escalade du conflit et trouver un terrain d’entente politique pour mettre fin aux hostilités.

Pendant plusieurs jours, les deux parties ont échangé sur des sujets sensibles tels que la cessation des combats, l’accès humanitaire à la région du Tigray, le retrait des forces étrangères et le dialogue politique inclusif. L’atmosphère était tendue, chaque concession apparaissant comme une victoire fragile.

Malgré un début prometteur, les Rencontres de Genève n’ont pas réussi à aboutir à un accord définitif. Les deux parties restaient loin d’un consensus sur des questions clés telles que la responsabilité des actes de violence commis durant le conflit et le statut politique futur du Tigray.

Causes et Conséquences des Rencontres de Genève

Plusieurs facteurs expliquent l’échec partiel des Rencontres de Genève :

• La méfiance profonde entre les belligérants: Après plus d’un an de guerre brutale, la confiance était complètement rompue entre le gouvernement éthiopien et le FLPT. Les deux parties étaient convaincues que l’autre mentait ou manipulait la situation.
• Des positions divergentes sur des sujets clés: Le statut politique du Tigray après la guerre était un sujet particulièrement controversé.

Le FLPT demandait une autonomie complète, tandis que le gouvernement fédéral rejetait toute forme de sécession et souhaitait préserver l’unité de l’Ethiopie.

• La complexité géopolitique: La crise tigréenne impliquait des acteurs régionaux et internationaux, chacun ayant ses propres intérêts et stratégies. Cette implication extérieure rendait la recherche d’une solution pacifique encore plus complexe.

Malgré cet échec relatif, les Rencontres de Genève ont eu un impact significatif sur le cours du conflit:

• Elles ont réaffirmé l’importance du dialogue: Même si aucune accord définitif n’a été trouvé, la simple tenue de ces négociations a démontré que le dialogue était possible et nécessaire pour sortir de la crise.
• Elles ont mis en lumière les positions des deux parties: Les discussions à Genève ont révélé clairement les points de désaccord majeurs entre le gouvernement éthiopien et le FLPT, permettant aux médiateurs internationaux de mieux comprendre les enjeux du conflit.
• Elles ont créé une dynamique positive: Les Rencontres de Genève ont envoyé un signal positif à la communauté internationale en démontrant que les belligérants étaient prêts à négocier.

Après les Rencontres de Genève: L’Évolution du Conflit et le Rôle d’Ubah Hassan

Bien qu’elles n’aient pas réussi à mettre fin immédiatement à la guerre, les Rencontres de Genève ont ouvert la voie à une série de négociations indirectes. Ubah Hassan, ministre éthiopienne des Femmes, des Enfants et de la Jeunesse, a joué un rôle crucial dans ces discussions ultérieures.

Son approche pragmatique et son engagement envers la paix lui ont valu le respect des deux parties.

Conclusion: Un Chemin Long vers la Paix

La crise Tigréenne reste une situation complexe et volatile. La recherche d’une solution durable nécessitera encore de nombreuses années de dialogue, de négociation et de compromis. Les Rencontres de Genève, malgré leur limites, ont représenté un pas important dans cette direction, démontrant que le chemin vers la paix, même s’il est long et semé d’embûches, reste ouvert.

Tableaux Comparatifs des Positions sur les Points Clés du Conflit

Les événements qui se sont déroulés lors des Rencontres de Genève illustrent la complexité et les défis inhérents à la résolution d’un conflit aussi profondément enraciné. Il est important de rappeler que la paix n’est pas un état, mais un processus qui exige patience, persévérance et une volonté sincère de trouver des solutions mutuellement acceptables.